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La ville invisible, Clément Clausse

La ville invisible, Clément Clausse

C’est une édition qui se présente sous la forme d’une collection. Trois livres de poésie, trois étapes d’une promenade urbaine. De l'errance à la déambulation en passant par la course, la lecture et le texte sont contraints par ces différents déplacements.

Le premier tome s’intitule La ville et la mémoire.

Ce premier livre de poèmes aborde l’errance urbaine, une promenade entre les murs de la ville, les pensées s'échappent, comme la typographie et l'image qui traversent et s'échappent des pages. Les poèmes sont d'ailleurs écrits en vers libres. C’est une balade dans laquelle on s’égare dans un univers étranger. Des questionnements font surface suites aux nouvelles découvertes et observations. Pour ce premier tome, les techniques auquel l’auteur a fait appel sont le monotype et la photographie.

Extrait 1:

Parti pris,
Pris d’une irrépressible envie
De déguerpir.<

Les immeubles veulent toujours
Grimper plus haut
Ils ont faim des hauteurs
Il paraît
qu’ils
ne
dorment
pas
la nuit.

Extrait 2 :

À deux
pas
de moi
trois murs
droits
sur carré
noir
feuilles de pierre
nus
passe
un métro
à pleine allure.
Déchirée
L’image de la vieille
Le ciel
s’est gâté
il est
parti
en lune
de
miel
et moi
je suis resté
sur le
carreau
du métro.

Le second tome, La ville et les signes.
Ce deuxième tome de la collection traite du quotidien au sein de la ville. Le marcheur, qui a arpenté cette ville, l’a apprivoisée, fait maintenant face à une redondance de signes. Le rythme s’accélère. Des motifs à n’en plus finir. On voit alors, de pages en pages, s'opérer des transformations, une simplification de signes qui évoluent lentement. Les signes que le marcheur observe se répètent et se transforment. On peut également activer un jeu cinétique entre les pages afin de les animer plus vite, comme lors d'une course. Un peu à la même manière d’un flip book. Entre chaque famille de signes, des languettes de papier ponctuent cette course, comme une respiration. Ces petites languettes contiennent des textes fait de mots de même sonorité, que l'on répète jusqu'à en oublier leur sens, de la même manière que les motifs, qui, en se transformant se détache de leur première appartenance. Dans ce tome, c’est l’impression jet d'encre et le marker qui ont été exploités.

Extrait 1 :

Consigne à suivre.
Multitude de signes,
Signe à condition
D’esquiver l’insigne
De multiples suiveurs de signes.

Extrait 2 :

Les branches s’affolent
Les branches s’affolent
les buissons bruissants
enflés par le vent affligé,
observation enflammée d’un affolé.

Le dernier tome, La ville et les échanges.
Ici, suite au second tome, La simplification des éléments graphiques et textuels est poussée au maximum. Le lecteur doit, dans cette partie, tourner les pages, de manières automatique, mécanique, les pages. Une à une, avec à chaque fois, dans sa main droite, une page de rhodoïd, contenant un motif, qui vient se déposer sur la page de gauche.
C’est un dialogue, un jeu entre le texte et l’image qui s’échangent et se répondent.

Par Jeanne Verlhac Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité de l’édition et du multiple à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020, license CC-BY-SA.