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Histoire courte/17 Stories of one Sentence, Damien Malard/GUMMBAH

Damien Malard/GUMMBAH, Histoire courte/17 Stories of one Sentence

Les deux éditions que j’ai choisie de présenter sont toutes les deux des éditions qui sont dans ma bibliothèques depuis quelques années, que j’ai acquise à Rennes lorsque j’étais aux beaux-arts là-bas, qui appartiennent toute les deux au champ de la « micro-édition »* et qui m’intéressent dans la manière qu’elles propose chacune de raconter une histoire de façon très courte.

La première est une édition avec laquelle j’entretient avant tout un vrai rapport sentimentale. Je ne l’ai pas acheté, c’est Damien Malard, un étudiant de ma classe en deuxième année à Rennes qui me l’a offert à l’occasion d’un « père noël secret ». Intitulé « Histoire courte », elle est imprimé en sérigraphie deux passage à 30 exemplaires et se présente sur une feuilles A3 pliée en deux, ce pliage créant 4 pages distinctes. L’histoire à proprement parlé occupe 3 pages, la quatrième de couverture devenant un espace du récit. L’édition nous raconte l’histoire suivante : « Le sultan Lucifer ne vivait que pour faire régner la terreur autour de lui. Son pouvoir résidait dans sa bague. Tous les habitants du royaume le craignaient. Mais un jour, ses deux bras droits habituellement fidèles lui volèrent la bague. Ils s’emparaient du royaume, anéantissant le roi au rang de serviteur pour toujours. » En très peu de phrases, la narration réussit selon moi, avec l’aide précieuse des illustrations, à planter un décor et à nous faire vivre une sorte d’aventure, qui emprunte au conte.

J’aime particulièrement cette édition car, en plus d’être le premier élément qui m’a permis de découvrir une personne qui par la suite se révèlerai être un de mes amis les plus précieux, elle nous embarque dans une histoire en trois pages seulement, grâce à une complémentarité très riche entre un texte très simple, écrit manuellement et donc empreint d’une réel valeur graphic, en résonance avec les illustrations, elles aussi visuellement très efficaces. Sa simplicité formelle (un simple A3 plié en deux, un papier qui n’est pas spécialement précieux) la rend légère et accessible, à l’image de son contenue. Dépliée, cette unique feuille peut se faire poster recto verso à afficher sur un mur.

La seconde éditions que j’ai choisie et une édition livre de 20 pages avec une couverture en papier glacé sur lequel est imprimé une photographie de maison, et qui s’intitule « 17 Stories of One Sentence ». C’est une édition que j’ai acheté un peu sur un coup de tête sans connaître préalablement ni l’auteur ni la maison d’édition, à savoir respectivement GUMMBAH et Pantofle books. L’édition présente (en anglais cette fois-ci) elle aussi, en 17 exemples, une manière de raconter des histoires avec une économie de moyens. Ici, chaque histoire ne fait qu’une phrase. De cette écriture contrainte naissent des histoires absurdes et loufoques, comme « Everyone in the audience got a car except for Bianca because she had horse teeth. ». Le texte, flottant ici au milieu d’une page du reste blanche, doit compter sur sa seule puissance évocatrice (poétique ou comique) pour faire naître chez le lecteur des images qui n’existent pas sur le papier, contrairement à la première édition où les images font partie intégrante du récit.

Seule existe ici cette énigmatique photographie de maison en couverture et quatrième de couverture, dans des teintes rosées qui la rende particulièrement sensible, presque sentimentale. Une étrange silhouette habite cette maison.

Par Astrid Vandercamere Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité de l’édition et du multiple à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020, license CC-BY-SA.