Ce qui reste, Lili Vagne
Lili Vagne est une photographe née en 1998. Elle a commencé la photographie au lycée en prenant des cours du soir et découvert à cette occasion l’argentique. Après un an passé en Nouvelle-Zélande à développer sa pratique, elle entre à l’école de Condé à Lyon pour trois ans.
Sa pratique photographique est spontanée, intuitive et expérimentale. Elle développe elle-même ses pellicules, le plus souvent en noir et blanc, mais elle utilise aussi la couleur. La démarche et les procédés expérimentaux sont le coeur de sa pratique, comme utiliser des pellicules périmées ou encore rayer la lentille d’appareils photo jetables pour donner une impression de flou.
Malgré la dimension spontanée de son travail, elle développe une réflexion au regard de ce qu’elle produit autour de la mémoire, du non-dit ou du non-palpable mis en lumière par l’expérimentation.
« Ce qui reste » est sa première édition mise en vente au nombre de vingt exemplaires tous uniques. Chacun d’eux est composé de seize photographies dont deux posters détachables. L’aléatoire et le hasard sont parties prenantes de ce livret artisanal présentant le résidu de ses expériences photographiques, ce qu’il en reste.
Si les seize photographies restent le noyau constant de cette édition, les posters eux sont différents pour chacune d’entre elles. Chaque exemplaire est présenté de façon différente. Cette organisation fait écho à son exposition Bon-Matin aux scénographies multiples.
De la démarche au tirage, « ce qui reste » c’est ce que l’on peut montrer, l’image est le témoin du processus.
Certaines photos ont un titre basé sur leur histoire et sont accompagnées d’un texte en lien. Le texte est tiré de vieux livrestrouvés au hasard, « Le coeur de Gambetta », de Francis Laur ou encore « Une relève », de Jérome et Jean Tharaud. Lili Vagne intervient sur les pages choisies en cachant le texte, ne laissant apparents que certains mots et phrases ou enajoutant d’autres. Chaque exemplaire est composé de pages différentes issues des livres*. L’ensemble de l’édition traduit une accumulation liée à l’évolution perpétuelle de la démarche.
Le processus de création manuelle est très important pour l’artiste car il constitue un moment d’expérience mais aussi d’apports personnels, un exutoire.
La confection se fait avec les moyens du bord, des papiers recyclés, parfois peints en blanc. Les posters sont imprimés sur les feuilles vierges ou presque des livres* scotchées entre elles. Les photos sont imprimées à l’aide d’une imprimante de maison sur papier ou calque.
Le livret est relié à l’aide de ficelle, d’agrafes, et de colle. Les formats ne sont pas parfaitement réguliers, il peuvent se déplier, déborder, l’objet induit à la manipulation, à une phase d’expérimentation par le lecteur.
Le coeur de Gambetta, de Francis Laur
Une relève, de Jérome et Jean Tharaud
- Par Eloïse Desnot Marsan
- Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité de l’édition et du multiple à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020, license CC-BY-SA.