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Adélaïde - paysage, Claire Ponceau, 2015

Notre professeure d’écriture Aliénor Debrok nous a présenté cette édition l’année dernière. J’ai trouvé le concept très séduisant alors je me permets de le présenter à mon tour.

Ce roman est publié par éléments de langage, une « maison d’édition » belge et indépendante. Il s’agit en fait d’un « comptoir éditorial » comme on peut le voir sur le site elementsdelangage.eu.

Ce « comptoir éditorial » contient 3 types de collections : O.L.N.I., O.M.N.I., O.L.N.U., 22 livres (dont Adélaïde - paysage) et 17 auteurs (dont Claire Ponceau). Adélaïde - paysage fait partie de la collection O.L.N.U. : objets ludiques non usuels : consacrée à la loufoquerie belge et internationale.

« (…) Il ne recherche pas le profit mais de nouveaux espaces littéraires pour y faire résonner des voix singulières. (…) »

Claire Ponceau est agrégée de Lettres Classiques. Elle vit et travaille actuellement en Belgique. Elle est l’autrice de Adélaïde - paysage, de la carte Terra Mentis, ainsi que de L’ENFANT, L’ÉTOILEMENT (2020). De plus, c’est elle qui administre le site terramentis.be.

Avant de présenter Adélaïde - paysage, il faut présenter le projet Terra Mentis qui se compose d’un objet livre : Adélaïde - paysage, d’une carte papier, ainsi que d’un site internet. À partir de ces trois surfaces, ce projet d’édition est pensé à la manière d’une enquête.

Adélaïde - paysage comporte 24 livrets libre (24 chapitres dont 360 pages). Ces livrets sont placés dans une pochette de manière aléatoire, ils portent chacun un titre mais ils n’ont aucune indication numérique pour les classer.

Avec ces 24 livrets il y a une carte nommée Terra Mentis MMVII-MMXI (Pays de la Tête, 2007-2011). La date correspond à la période où l’auteure a dessinée cette carte et écrit cette histoire… Tout comme Michel Foucault, Claire Ponceau veut appeler sa carte une « hétérotopie » : localisation physique de l’utopie…

Cette carte est au format A1 tandis que les 24 livrets ont une taille proportionnelle à celle-ci, ce qui nous invite à les placer dessus. De plus la couverture de ces livrets reprend une partie illustré de la carte. Ces livrets deviennent alors comme des pièces de puzzle qu’on peut utiliser pour trouver un sens de lecture à ces livret.

« (…) Qu’attendons-nous d’une carte ? De s’y retrouver quitte à risquer le plaisir de s’y perdre. (...) Cette carte ne présente aucune unité graphique, elle est composite, foutraque voire contradictoire. (…) Pourtant, on y décèle tant de coïncidences, qu’on peut les appeler des correspondances. (…) »

Ces 24 chapitres racontent l’histoire d’Adélaïde Maynard, un personnage inventé par l’auteure. À partir de ces 24 livrets, Adélaïde devient alors comme un puzzle qui se découvre et s’agence au fur et à mesure. Cette histoire s’anticipe donc comme une enquête ou l’on penne à comprendre l’identité de la narratrice.

Claire Ponceau propose une association entre les livrets et la carte sans pour autant l’imposer.

Effectivement, il y a deux façon d’explorer ces livrets, on peut le faire d’une façon aléatoire, en lisant les livrets sans se référer à l’image. Ou bien d’une façon linéaire en recomposant la carte avec les couvertures. C’est à nous de décider si on veut faire confiance au hasard.

Sur le site internet, on peut à nouveau explorer la carte et lire de nouveaux textes liés à ces 24 livrets. Ces textes se trouvent être des extensions du livre qui sont misent à jour au fur et à mesure…

« J’ai fragmenté, fracassé ce que j’avais architecturé. Je rassemble plus que je ne compose des extraits en lots et je les livre à qui je connais bien ou peu ou pas. L’intérieur du tube c’est la lecture, c’est croire à son alchimie, c’est croire que quelque chose peut naître de ce que j’ai fait et défait. C’est l’espérer. »

Par Céline de Girval
Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité de l’édition et du multiple à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020, license CC-BY-SA.