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histoire·s

Manuscrits tibétains bouddhistes en feuilles de palme

28.05.2021

Le format singulier des textes bouddhistes n’ayant pas été repris dans l’histoire du livre que nous avons parcourue j’ai eu envie de connaître la provenance de cette tradition. En effet, les textes se présentent tout en longueurs, horizontaux et non reliés. Ils sont maintenus entre deux planches de bois (en cartons de nos jours) et emballés dans un carré de tissu. Pourquoi ce format si spécifique à la tradition bouddhiste ?

Shisyalekha is a 5th-century Sanskrit literary work of the Buddhist grammarian and poet Candragomin. It consists of an ornate kavya (poem) in the epistolary genre. The poem is about a monk who has broken his celibacy vow through a love affair with a princess. Source de l'image

L’origine de ces manuscrits (pothi format) remonte à l’utilisation de la feuille de palmier en Asie du sud dès le Vès.av.J.C. Les textes étaient alors inscrits au stylus sur une feuille de palmier séchée et fumée de format rectangulaire. La feuille était ensuite enduite de cinabre (pigment minéral rouge) puis essuyée, laissant l’encre dans les fines rainures incisées. Une ficelle traversant chacune des feuilles maintenait l’ordre des pages. Petite anecdote, l’écriture ronde et cursive des scripts de l’Inde et de l’Asie du sud-est proviendrait d’une adaptation liée à l’utilisation des feuilles de palmiers pour éviter de les déchirer. A partir du XIIIès. les bouddhistes tibétains utilisent des blocs de bois sculptés et impriment sur du papier mais ne change pas pour autant le format rectangulaire horizontal. Ces textes sont religieux mais également historiques, littéraires, artistiques, médicaux ou encore scientifiques.

Cette tradition est maintenue vivante à Dege Sutra-Printing House au Tibet depuis 1729. Ce monastère ne possède pas moins de 320 mille blocs d’impression en bois dont plusieurs datent de quelques centaines d’années. Cette technique d’impression permet à 60 employés d’imprimer au-delà de 2500 textes, recto verso, par jour.

Malgré leur âge, ces blocs centenaires continuent de transmettre au quotidien les savoirs millénaires.

Source images : http://www.degeparkhang.org/en/

Sources :

Note

Une première recherche m’avait conduit aux “textes-trésors”. Hors sujet, mais également intéressant, j’en ai fait un petit résumé.
Les « textes-trésors »

Selon la tradition tibétaine, des « trésors » incluant des textes et des objets religieux ont été cachés par des grands maîtres accomplis à l'époque de la première diffusion du bouddhisme. La découverte de ces « trésors », commencée au début de la deuxième période de diffusion du bouddhisme, continue de nos jours ; ils sont dissimulés dans les lieux les plus divers (grottes, rochers, piliers, intérieurs de statue, mais aussi dans l'esprit d'un maître qui les découvre par « inspiration ») pour servir aux générations futures dans des moments de déclin du Dharma, et leur découverte n'est jamais arbitraire Les textes-trésors se présentent souvent sous forme de fragments de papier jaune. Parfois une écriture mystique y apparaît. Au XIVès., les découvreurs de trésors prolifèrent et les textes-trésors deviennent un véritable genre littéraire. Si les spécialistes s'accordent à considérer les textes-trésors comme des apocryphes, cela ne diminue pas l'importance de cette tradition pour les Tibétains.

Source : https://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Tibet/177428

Annie St-Aubin

Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2021.