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histoire·s

1959
Mémoires

1959, Guy Debord et Asger Jorn, Mémoires

15.05.2020

Ce livre d’artiste est un essai à réflexion autobiographique écrit pas Guy Debord à l’âge de 26 ans et au commencement de l’Internationale Situationniste qu’il mènera de front avec son acolyte Asger Jorn. L'ouvrage est un espace totalement déstructuré de manière éclatée accumulant des fragments. Ces fragments évoquent le mode de vie de Guy Debord et la mémoire vagabonde. Il donnera le terme “d’antilivre” à cet oeuvre. En effet, G.Debord avait un grand intérêt pour les choses qui sortent du cadre de la conformité de nos modes de vies. Il était un activiste détaché de tout but, passionné par l’action, le dynamisme et l’aventure. Il souhaitait éveiller des agitateurs afin de s’opposer à un ordre social, historique “dominant” et avait un appétit pour la destruction radical, systématique et totalitaire. Ces éléments révolutionnaires sont retrouvés dans son oeuvre Mémoires. La rupture de la linéarité qui plonge le lecteur dans le désarroi en le confrontant au chaos d’éléments anarchiques.

Des fragments de textes mêlés à des éléments plastiques transforment cet essai en collage. En effet, se retrouvent des bouts de phrases, des paragraphes, des images photographiques, mais aussi des plans urbains, publicités et des BD, le tout entouré d’un flux de couleur semblant être de l’aquarelle. Le penchant pour l'altérité est présent dans ce travail. En effet, les textes sont des emprunts à d'autres artistes et indiquent que les relations entre individus forgent l'identité de chacun. Il est fortement difficile de lire ce livre puisqu’il va à l’encontre des modes de lectures habituels. Cependant, cet ouvrage accompagne le lecteur dans une histoire elliptique, poétique et mélancolique.

L’essai de Guy debord comporte trois parties étant des étapes charnières de sa vie. En première partie, est découvert une rupture amoureuse, datant de 1952. À cette même date, sort Hurlements en faveur de Sade, son premier “antifilm”. Dans la second partie, il s’agit d’une rupture amoureuse et collective, ce qui permet à l’auteur de traité la séparation sous le jalon des Lettristes Insurgés. Enfin, la dernière partie: septembre 1953, évoque les “chevaliers” de Ivan Chtecheglov, Mohamed Dahou et Patrick Straram, posant les fondements du concept de la dérive urbaine.

1920, Couverture de der Dada 3, John Heartfield

“Nous avions perdu confiance en notre culture. il fallait tout démolir. Nous avons commencé par choquer le bon sens, l’opinion publique, l’éducation, les institutions, les musées, le bon gout, en gros, tout l’ordre établi.” - Tristan Tzara

Le révolutionnaire mouvement Dada émerge de l’horreur de la Première Guerre mondiale. Il a prit pour point de départ son dégout de l’ordre établi et les artistes dadaïstes sont radicalement contre la politique, les valeurs sociales et le conformisme culturel qu’ils considèrent complices du conflit dévastateur. Les artistes Dada souhaitent renverser les structures sociales aussi bien que les conventions artistiques et remplacer la logique et la raison par l’absurde, le chaotique et l’imprévisible. Leurs pratiques est multidisciplinaires. En effet le dadaïsme est un mouvement artistique, littéraire, musical, politique et philosophique, mais il est également tout son contraire. Il est anti-artistique, subversif sur le plan littéraire, ludique musicalement et radical politiquement. Le dada a su rayonnait internationalement, établir des relations participant aux activités dadaïstes et écrire pour de nombreuses revus du mouvement. Ainsi, les nouvelles revues, pour la plupart éphémères, ne servent pas seulement à la communication au sein des groupes et entre les different centres internationaux, mais servent aussi de moyen de diffusion auprès d’un large public.

Le montage de Heartfield pour la couverture de Der Dada 3 est une combinaison puissante de fragments d’images et de textes juxtaposés, dénuée de structure ordonnée. Tout le principe de cette composition est d’évoquer, par le biais du collage, des réflexions iconographiques. Ici, l’image commente les propos du dadaïsme berlinois. Figure le portrait de Raoul Hausmann, étant le fondateur de la revue, en 1919, en train de crier. Cette photographie étant la plus grosse pièce visible de la composition le met tout de suite en avant. Ensuite, au milieu de la partie supérieure se distingues quatre bouts de papier regroupés portant du texte. Ces fragments de textes dévoilent une phrase: “Hausmann Dada Brüder Baader”, révèlant la relation entre Hausmann et Heartfiel et leurs activités communes. En bas, à droite, se trouve le terme “Cirque Grosz”. Puis, au centre, mais difficile à voir, est écrit un des grands thèmes dadaïstes: “Le triomphe sur les conceptions vieilles.” Cette couverture, en un collage très graphique et dynamique abordant les personnages et les univers picturaux qui attendent celui qui feuilleter les 16 pages de la revue.

Camille Pouvreau

Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.