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1931
Histoire de Babar

Histoire de Babar, Cécile et Jean de Brunhoff, Jardin des Modes, 1931

19.05.2020

Babar est un éléphant de fiction, il est le héros de livres jeunesse et de dessins animés éponymes. Cécile de Brunhoff en est la créatrice, elle écrit les histoires et les albums sont illustrés par son époux Jean de Brunhoff.

Le format des albums est révolutionnaire, en effet, avant cela, les albums jeunesse étaient de petites tailles et les images similaires à des vignettes. Babar quant à lui est en grand format et avec des double pages illustrées. Le premier album : Histoire de Babar est publié en 1931; dès 1948 c’est Laurent de Brunhoff, le fils de Cécile et Jean qui prend la suite, le dernier album est nommé Babar à Paris et date de 2017.

Babar a fait l’objet de 1000 ouvrages, il a été traduit dans 17 langues et s’est vendu à 8 millions d’exemplaires au travers de 150 pays. On peut dire que Babar est une marque multi-génerationelle, c’est à dire qu’elle se perpétue au fil du temps et qu’elle touche différentes générations.

Sur la couverture, assez simple, il y a un fond orange et seul le personnage de Babar est présent, il est en train de marcher et soulève son chapeau grâce à sa trompe.

Grâce à un mécanisme similaire aux personnes portant des pancartes de publicités sur son dos, Babar nous présente le titre et le sous titre de l’album, le nom des éditions ainsi que le nom de l’illustrateur (pourquoi Cécile n’est-elle pas mentionnée ?)

J’ai choisi de mettre cette image en lien avec la couverture de l’album Les trois petits cochons, Paul François et Gerda Muller, albums du père castor, Flammarion, 1999.

D’un point de vue général, Père Castor est aussi une marque multi-génerationelle mais les deux couvertures de ces albums illustrées ont des points communs : un fond de couleur unie, seuls les personnages principaux sont présents mais surtout, Babar et un des cochons interagissent avec le titre du livre : Babar le porte sur une pancarte sur son dos et un des petits cochons brandit un drapeau bleu sur lequel est inscrit le titre de l’album.

Sarah Sidrine-Colucci

Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.

19.05.2020

L'image choisie est une double page issue d'un livre destiné aux enfants, qui illustre une scène de retrouvaille entre Babar (le personnage principal) accompagné de deux autres éléphants, tous trois vêtus, à l'inverse des autres éléphants "nus", semblables aux vrais éléphants à l'état naturel, non "civilisés". Les trois éléphants reviennent dont on ne sait où avec une voiture (modèle de luxe?). Cette scène est assez déroutante, elle me fait personnellement penser aux conquêtes coloniales, avec l'idée de rapporter des technologies, de "civiliser" des peuples. La France a ( comme l'Angleterre ou les Etats-Unis), en effet un passé colonialiste, et c'est d'ailleurs en 1931 que L'Exposition coloniale est inaugurée à Paris. C'est pourquoi je me demande si cet ouvrage pour enfant n'a pas une portée politique, qui vise à faire prendre consciences aux enfants la puissance de la France, à travers le personnage de Babar, le "héros", ici dans la peau d'un colonialiste... Babar a eu rapidement un énorme succès dans plusieurs pays, notamment en Angleterre et aux Etats-Unis, d'autres pays avec une certaine histoire coloniale.

Coline Bunel

Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.

22.05.2020

Babar est une création de Cécile de Brunoff en association avec son mari Jean de Brunhoff qui s'est occupé des illustrations. L'idée de Babar, un roi qui a épousé sa nièce, est également venue d'histoires que Cécile de Brunoff a racontées à ses deux fils avant de s'endormir en 1930. Le livre est rempli d'illustrations qui vous racontent l'histoire de Babar qui s'est enfui d'un chasseur, s'est retrouvé dans une ville pour prendre le contrôle des propriétés des gens et leur faire découvrir le monde animal.

La chose intéressante à propos de cette couverture est la simplicité, si on pense a Babar, nous imaginons généralement un éléphant en costume vert avec une couronne, ici c'est un fond orange, une feuille jaune dessinée avec le texte nécessaire et Babar lui-même avec un harnais et voir un chapeau melon. Avec le recul, cela a beaucoup de sens, puisque nous parlons de l'histoire de la façon dont Babar devient roi, le fond orange vif attire également l'attention sur Babar, c'est son histoire, son aventure.

Otje par contre est une création d'Annie M.G. Schmidt et Fiep Westendorp, c'est un livre publié en 1980 sur une fille qui fuit la police dans une camionnette avec son père Tos et avec ses amis les animaux. Lorsqu'un livre comme Babar met l'accent sur la découverte et le développement personnel, Otje va plus loin et essaie de franchir la prochaine étape pour les jeunes en élargissant leur vision du monde. Des sujets tels que la bureaucratie, l'exploitation, le chômage et les accès de colère des autres, ainsi que les vôtres, sont expliqués de manière amusante et illustrative et sont toujours lus à ses enfants, tout comme Cécile de Brunhoff avait lu Babar à ses enfants.

Le pouvoir d'Otje n'est pas seulement avec Annie M.G. Schmidt, mais au moins autant avec Fiep Westendorp. La couverture d'Otje est une combinaison de différentes techniques, collage, peinture, crayon, qui sont une petite œuvre d'art en soi. Sur la couverture d'Otje, nous la voyons assise à gauche, cheveux roux ébouriffés, un t-shirt violet buvant à une paille avec un oiseau dans sa chaise. À droite, son père Tos, un homme un peu plus épais avec une souris dans sa poche, il porte un grand chapeau de chef et un journal à la main fait de coupures de journaux existants. En utilisant ces coupures, Fiep Westendorp crée également un lien avec le monde réel, rendant l'histoire d'Otje plus tangible à travers des illustrations, ce qui permet aux enfants de comprendre plus facilement que les leçons du livre qui peuvent également être appliquées dans leur vie quotidienne.

La fierté de l'écrivain et de l'illustrateur est donc très facile à voir, leurs noms sont indiqués en haut en grandes lettres incontournables, contrairement à Babar où l'accent est davantage mis sur l'éléphant lui-même, voici les noms très présent comme signature, peut-être pour l'auto-promotion, mais aussi possible à travers une forme d'ego.

En utilisant ces coupures, Fiep Westendorp crée également un lien avec le monde réel. Rendant l'histoire d'Otje plus tangible à travers des illustrations, ce qui permet aux enfants de comprendre plus facilement que les leçons du livre qui peuvent également être appliquées dans leur vie quotidienne.

Ces 2 livres se succèdent parfaitement, où les dessins de Babar restent simplistes, ils offrent aux enfants un monde de rêve à développer et à découvrir. Otje emmène ensuite ces enfants plus loin dans leur vie et leur donne des concepts pour concrétiser leur monde de rêve. Grâce aux illustrations simples de Jean de Brunhoff, les enfants peuvent rapidement entrer dans ce monde, après quoi Otje utilise ses éléments existants dans Fiep Westendorp pour créer ses illustrations avec le monde réel où les enfants apprennent à établir de nouveaux liens entre la littérature et le monde réel.

Laurens Huysmans

Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.