15.05.2020
Ces pages sont tirées, de l’édition d’un livre publiée chez « l’Edition de la Sirène », qui a eu un grand impact sur le style du livre moderne Français, et la représentation de la typographique. Edition illustrée par le célèbre peintre Fernand Léger, composé de 22 illustrations, qui illustre « la belle époque », « les temps modernes ».
Sur la page de gauche, on observe une sorte de compositions fouillis, de superpositions de textes, de lettres capitales et minuscules. Composer aussi de dessins plutôt abstraits, de formes, et de lignes. On peut apercevoir et décrypter (avec un peu d’attention et surtout après avoir lu le texte), la présence d’un homme tenant un cigare, entouré de paperasses… Trois couleurs sont utilisées ici, avec la technique du pochoir. Une sorte de mélange entre le graphisme et la calligraphie.
La page de droite, semble un peu plus « sobre », une date le 31 décembre, ressemblant à celle, représenté dans un calendrier (par sa typographie, et le cadre qui l’entoure), puis le texte.
La typographie choisit est « Morland », utilisé habituellement dans le monde de l’affiche, donc de la pub, et des enseignes. Monde en pleine expansion à cette époque, ou l’art va avoir une place primordiale, dans la scène publique. On illustre des affiches du monde culturel, du spectacle, mais aussi du marketing pour des marques diverses.
Ce choix de présentation qui casse les codes habituels de la mise en page, fait écho au bruit du monde, de la ville, et de son agitation grandissante, son mouvement. Période d’innovation dans tous les domaines, tant celui des chemins de fer, de la photographie, du cinéma, du livre, des revues, de l’architecture, ou encore de l’aviation et beaucoup d’autres.
On peut constaté l’esprit de l’époque dans son choix de représentation. L’illustration, nous montre « Dieu le père » comme le nomme l’auteur. Il est en action, dans un état plutôt anxieux, nerveux (acec un dessin dans un style qui peut faire penser au cubisme). Léger illustre bien « cette sensation » avec cette composition chaotique.
On voit l’importance du rapport texte, image car le visuels paraît peu dissociable de l’écrit. Pour bien comprendre ce qui nous est représenté, il nous faut lire le texte Chose qui en mise en avant depuis l’apparition du livre : cette idée d’associé sans cesse l’image au texte, que ce soit de façon a ce que : l’image double l’information du texte, ou que l’illustration amène plus de détails sur l’écrit.
Cela peut faire penser au « style typographique international », aussi appelé "style international ». C’est l’âge d’or du graphisme suisse, il voit le jour après la 2ème guerre mondiale. On peut le caractérise par des éléments typographiques basés sur une grille, les caractères utilisés sont sans empattement, la présence de lignes, de courbes qui donnent une structure, un équilibre aux affiches, dans une composition sobre, sans ornements, et l’utilisation de photos (souvent noir et blanc).
L’un des grand noms du design graphique de cette époque est Joseph Müller-Brockmann, son travail est influencé par le Bauhaus et le constructivisme russe. Ses travaux sont plutôt rigides basés sur des grilles, dans un style rationnel et économique. Grand amateur de musique, il fera une série d’affiches pour des concerts.
On peut en citer une, des Zurich Tonhalle, appelé « poster », réalise en 1955. La composition fonctionne sur une grille de mise en page en diagonale, ce qui est une nouveauté pour l’époque. Des lignes y sont posées, aux différentes épaisseurs, où se mêlent, le noms des artistes du spectacle, dans une typographie sans empattement (les informations complémentaires son notés sur le côté droit en bas, en plus petit). Une affiche seulement en 2 couleurs (blanc et bleu). Il y a évidemment de grandes différences, entre le travail de Léger, et celui de Müller-Brockmann.
Premièrement dans sa structure, très mathématiques, et loin du chaos des illustrations de « La fin du monde filmée par L’ange N.-D », pour cause la présence de la grille. L’utilisation seulement de 2 couleurs, dans l’affiche du festival. Chez Brockmann, on peut voir se dessiner une sorte de croix, alors ce n’est pas réellement du dessin, de l’illustration au sens propre, mais cela accompagne tout de même l’écrit, ils se « mélangé » et cela crée une union, un équilibre entre l’image et le texte.
Malgré les différences observées, on peut y voir des similitudes. Ces lignes qui traversent les deux visuels, même si ceci est plus plus organisé dans l’affiche, que dans le livre. Aussi la place de la typographie qui n’est pas organisé comme sa on habitude, sa composition est différentes. Léger est tel un précurseur « du graphisme » dans ce travail, car il utilise la typographie pour créer du visuel, et non plus comme simples informations textuel (même s’il y mêle du dessin abstraits). C’est exactement ce que va faire Brockmann, faire de la typo une illustration. Le texte devient alors le visuels de ses affiches. Il y a donc de grandes différences entre leurs travaux, mais aussi de grandes similarités.
Léonore Feldin
Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.
19.05.2020
La Fin du monde filmée par l’ange N.D, écrit en 1919 par Blaise Cendars et illustré par Fernand Léger, à été publié à l’édition de la Sirène qui à eu un grand impact sur l’évolution du livre moderne en France en publiant ce type de livres. Il traite du monde moderne de manière très originale. Il est conçu comme un scénario de film avec des cadrages et gros plans qui imitent le fondu enchaîné.L’originalité de ce livre vient de son humour cru mais aussi de la composition des pages, où texte et illustrations s’entremêlent. Il y a des caractères imprimés, des aplats colorés au pochoir, de l’expérimentation typographique, des lettres, chiffres, slogans de publicité et citations et des illustrations. Léger utilise de nombreuses couleurs (noir, orange, jaune, bleu, rouge, rose). Le tout, désordonné renvoie à l’agitation moderne dans une ambiance mécanique et sombre. On peut classer ce livre d’artiste dans le style abstrait-cubiste.
Les deux artistes font partie de l’avant garde des années 1910-20. L’auteur est proche des mouvements littéraires d’avant-garde, il commence à écrire de la poésie moderne, dont il est le fondateur, après un voyage aux États-Unis ou il découvre la modernité, dynamique et mécanique. Il fait de la poésie abstraite révolutionnaire et admire des personnalités de ces mouvements tels que Chagall et Apollinaire. Fernand Léger est un peintre d’avant-garde cubiste et abstraite, influencé notamment par Chagall, Braque et Picasso. Lui aussi, comme beaucoup de son temps, inclus la mécanique dans ses œuvres.
Cette oeuvre est un livre illustré, à ne pas confondre avec ce que nous appelons aujourd’hui un livre d’artiste, qui est juste un médium choisit par ce dernier pour expérimenter ou créer son oeuvre. Le livre d’artiste est apparu vers les années 60, il est souvent réalisé avec des impressions (photocopies, offset, …) car il est fait pour être reproduit dans de nombreux exemplaires. Ici, avec La Fin du monde, nous avons affaire à l’association d’un artiste plasticien et d’un écrivain, qui entremêlent/superposent leur production pour créer une oeuvre unique ou presque. Ces livres ne sont reproduits qu’en très peu d’exemplaires car ils sont fait mains (en tout cas pour l’apport de l’artiste plasticien). Ces œuvres rares et chères sont destinées aux bibliophiles. La division s’est opérée déjà fin XIXe Siècle entre les éditions utilisant la photographie, produites en grand nombre, et les éditions artisanales.
Les Mémoires de Guy Debord illustrés par Asger Jorn sont comparables à l’ouvrage de Cendars. Ce sont des textes épars sur la peinture d’Asger Jorn qui structure le tout. Tout est écrit à partir de texte récupérés à droite à gauche, qui réunis, parlent indirectement Debord. Cette autobiographie n’a pas l’air d’avoir été créée pour être compréhensible. L’œuvre a un aspect chaotique comme le livre précédent. L’auteur et l’artiste sont dans la continuité de Leger et Cendars. Asger Jorn a étudié à l’Académie contemporaine de Fernand Léger avant de fonder le mouvement CoBrA (groupe d’artistes expérimentaux) et de rejoindre l’internationale lettriste où il rencontre Debord. C’est d’ailleurs ce dernier qui fonde l’internationale situationniste qui unifie plusieurs mouvements d’avant-garde. Debord écrit dans un style dadaïste et surréaliste sur un ton révolutionnaire.
Laura Morello
Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.