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histoire·s

1834-1835
Spécimen des écritures modernes

1834-1835, Jean Midolle, Spécimen des écritures modernes, alphabet lapidaire monstre.

15.05.2020

Cette première typographie, du portefolio des écritures modernes est richement composée. C’est un alphabet de majuscules massives par leur large corps, ce qui permet de laisser place au décor en fond. La structure du fond est commune aux lettres, on distingue systématiquement 3 plans horizontaux. La base de la lettre constitue un espace permettant d’y inscrire un ou plusieurs mots en fonction du nombre de pattes de la lettre. Cet espace est encadré d’un contour noir ce qui stabilise la lettre de façon analogue à une dalle pour un bâtiment. Les deux plans supérieurs sont eux dédiés à des motifs propres à chaque lettre, constitués de motifs floraux, géométriques et parfois plus illustratifs. Ces motifs reprennent des esthétiques contemporaines à l’auteur. Certains ont un fond noir plutôt présents comme le haut du « V », le haut du « D », le milieu du « H », alors que pour d'autres lettres le volume et la densité sont créer par des motifs plus fins mais répétés à une forte fréquence : le haut du « K », le milieu du « R ». Enfin on retrouve des plans comportant un motif unique, généralement plus illustratif comme le milieu du « A », le haut du « H », le milieu du « G ». Ainsi l'ensemble esrt homogène malgré la diversité de composition de chaque lettre, cette cohérence est accrue par l'association d'une par une ombre portée noire forte et d'une outline, ainsi que par une inline qui elle délimite chacun des trois plans.

1834-1835, Jean Midolle, Spécimen des écritures modernes, gothique composée.

La seconde typographie, «gothique composée », également issue de ce portefolio est une gothique majuscule comme l’indique son appellation. Richement ornementée, cette typographie est une interprétation à de l'alphabet à partir d’éléments architecturaux et décoratifs gothiques. La structure même de la police est une gothique assez simple dans son tracé, la graisse de la lettre remplacée par des voutes avec leurs piliers, clefss de voutes, rosaces, murets et escaliers. Les sérifs sont quant à eux principalement construits avec des éléments décoratifs de l’architecture gothique comme des gargouilles, le haut du « A », la partie supérieure gauche du « M » ou des éléments qui pourraient se situer dans des reliefs comme la partie gauche du « E ». L’esthétique de l’alphabet appréciée depuis notre temporalité renvoie bien évidement aux cathédrales, notamment le « F » qui est constitué d’une statue religieuse (me semble-t-il).

Ces deux alphabets sont avec l’alphabet diabolique parmi les connus de l’artiste calligraphe qui a réalisé de nombreux alphabets avec une forte diversité dans leurs propositions stylistiques. On trouve peu d’information sur la vie ou les méthodes de travail de l’artiste. La richesse décorative des alphabets semble être inspirée de divers symboles et éléments esthétiques appartenant à l’art gothique mais il s’est aussi inspiré de tendances de son époque. Les deux alphabets présentés plus haut sont particulièrements riches en ornements et détails sans pour autant que le regard soit perturbé en butant sur des éléments décoratifs qui seraient trop présents et entraveraient la compréhension de la lettre. Au contraire on identifie la lettre puis dans un second temps on peut apprécier les détails qui la composent, quand la lettre est uniquement constitué d'éléments dessinés on retrouve sans soucis la structure primaire de la lettre permettant de l'identifier comme tel. C’est un véritable travail de design typographique que Jean Midolle a réalisé en composant des typographies standardisées, utilisables car parfaitement lisible, mais aussi très esthétiques. On retrouve cette par exemple une utilisation de l'alphabet lapidaire monstre sur la couverture de La Septième face du dé (1936) de Marchel Duchamp. Dan Reyolds retrace aussi l'histoire de Jean Midolle en notant que son noms apparait dans plusieurs polices d'écritures utilisées et vendues dans des fonderies allemandes et étasuniennes, la Midolline élaborée par Eduard Haenel à Berlin dans les années 1850, aux états unis elle sera vendue sous le noms de Composite et aura plusieurs déclinaisons ( Reynolds D. 2018 ) .

Bibliographie :
Reynolds Dan. The Collection: The Alphabet Lithographs of Jean Middle, Letterform Archive, (article en ligne) 25/02/2018. Consulté le 21.05.2020. https://letterformarchive.org/news/jean-midolle.

Grégoire Lenfant

Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.

19.05.2020

Sur cette image, on peut voir une chromolithographie réalisée par l´artiste, écrivain et calligraphe Jean Midolle entre 1834 et 1835. Dans ce cas-ci, elle est appliquée au lettrage décoratif. Pour produire cet effet visuellement, les lithographes ont utilisé quatre techniques différentes. On commence par l´encrage à la poupée qui consiste à appliquer différentes couleurs sur différentes zones de la pierre avec un chiffon qui sont imprimées en même temps. Ensuite, certaines parties des pierres sont encrées puis transférées sur d’autres pierres pour imprimer chaque couleur séparément. Après, on obtient une impression irisée en mélangeant partiellement les bandes de couleurs. Pour finir, il suffit de parsemer de poudre dorée les impressions encore fraîches.

Cette image m´a directement interpellé lorsque je l´ai vu car j´y ai reconnu différentes écritures en calligraphie comme la gothique et l´anglaise. La calligraphie est une écriture utilisée par les moines copistes depuis le Moyen-Age. Elle a été remplacée petit à petit mais persiste encore à l´heure actuelle comme l´art de bien écrire. J´entame maintenant ma 7e ou 8e année de cours de calligraphie. En choisissant cette image, je voulais partager mon expérience de la calligraphie qui est souvent peu connue. Pour pouvoir calligraphier, j´utilise un porte-plume avec différentes plumes qui ont des largeurs différentes et du brou de noix qui est une encre confectionnée avec la bogue de la noix. On peut également calligraphier avec de l´écoline ou de la gouache. Il est possible de calligraphier avec un pinceau. Sur la deuxième image, vous pouvez voir le matériel que je viens de vous décrire.

2020, Florence Stuckens, spécimen des écritures modernes en différentes écritures calligraphiées

Sur le travail de Jean Midolle, on observe, comme dis plus haut, deux écritures différentes : la gothique et l´anglaise. La 1er, 4e et dernière ligne sont de la gothique. La dernière est écrite en majuscules contrairement aux deux autres. La 5e ligne est de l´anglaise. Il faut savoir qu´il existe plusieurs variantes de gothique comme la cursive, la batarde ou encore la textura. Les variantes en calligraphie sont courantes. On peut également apercevoir de la typographie dans ce travail. La typographie et la calligraphie sont en réalité deux choses bien distinctes. La typographie désigne les différents procédés de composition et d’impression utilisant des caractères et des formes en relief préfabriqués. Dans la production de Jean Midolle, on retrouve de la typographie à la 2e ligne « Ecritures modernes » ou encore,à la 8e ligne,avec écrit « Jean Midolle ». La typographie est très courante à l´heure actuelle. On en retrouve un nombre incalculable sur de nombreux sites. On les différencie de par leur style, contrastes, empâtements, fûts. Sur la deuxième image, j´ai choisi de calligraphier « Spécimen des écritures modernes » dans les différentes écritures que je connaisse. Dans l´ordre, j´ai écrit en ronde, chancelière, onciale, semi-onciale irlandaise, gothique, petites anglaises, caroline et en conte de fée qui est une variante de la caroline. Vous pouvez remarquer que d´une écriture à l´autre, l´angle de la plume n´est pas le même. Il peut être de 0°, 45° ou 60°.

Florence Stuckens

Travail réalisé dans le cadre du cours d’actualité d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2020.