La chair est faible, Grandville (1803 – 1847), 1832
28.05.2021
La journée de mademoiselle Lili, Pierre-Jules Hetzel (1814 –1886), Collection Hetzel (Paris), 1862
Croquis parisiens, par H. Daumier (1808 – 1879), L’Echo de Paris
Le rapport texte-image est un sujet qui interroge, et ce depuis que nous faisons des images, des écrits, et l’alliage des deux.
Selon la pensée de Baudelaire, l’écriture serait une forme bien plus noble, intelligente, et pertinente que le dessin ; en effet, le dessin et plus généralement toute forme d’illustration, ne demanderait pas de capacités intellectuelles particulières. S’il sait apprécier la qualité technique d’une œuvre d’art, il est en revanche contre le mariage des mots et des traits.
Il sait apprécier Daumier, qui lui ne mélange pas le texte et les images : c’est « clairement » un dessinateur.
En revanche, il n’apprécie pas Grandville, qui s’évertue à jouer entre le mélange des deux. Il dira à son sujet : « Grandville est un esprit maladivement littéraire, toujours en quête de moyens bâtards pour faire entrer sa pensée dans le domaine des arts plastiques ; aussi l’avons-nous vu souvent user du vieux procédé qui consiste à attacher aux bouches de ses personnages des banderoles parlantes. » (Curiosités esthétiques, 1868)
Aussi, l’on en vient à se questionner sur les raisons de cette hiérarchisation ; l’image serait associée à l’enfance, à la facilité, au plaisir simple. Pour éveiller les sens et la curiosité des enfants, on leur montre des livres faits d’images. Ce n’est qu’en grandissant qu’ils auront un choix à faire. Pourtant, le but premier de l’illustration, du latin illustratio, était bien d’éclairer le texte, de l’expliquer, de l’accompagner en le développant ; il y a entre les deux médiums une véritable réciprocité.
Je crois qu’il est très important de questionner ce rapport en profondeur lorsque l’on souhaite faire du travail du livre, et plus particulièrement de l’illustration, son métier ; il faut trouver des procédés permettant tout à la fois au texte et au dessin d’exister, sans pour autant se nuire l’un à l’autre. Il s’agit de trouver le parfait équilibre entre les deux.
Sources :
Gabrielle Colombani
Travail réalisé dans le cadre du cours d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2021.