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08.01.2023

Cette image est extraite de «the New-England Primer» le premier manuel de lecture conçu pour les colonies américaines. Il est compilé puis publié pour la première fois vers 1688 par Benjamin Harris un éditeur anglais, figure du complot populiste. Il s’est ensuite installé en Nouvelle-Angleterre en tant que journaliste. L’abécédaire est resté en usage pendant plus de 150 ans. Il est devenu le manuel scolaire le plus populaire dans les États-Unis coloniaux durant le 17e siècle et la base éducative de la plupart des écoles avant les années 1790. Il est souvent appelé la petite Bible de la Nouvelle-Angleterre. On estime que six à huit millions d’exemplaires ont été vendus en 1830. C’est le climat historique dans lequel l’abécédaire a vu le jour qui a contribué à ce qu’il ait autant de puissance. D’une épaisseur de moins de 100 pages, ce premier manuel s’est avéré important pour relayer les normes de la culture puritaine dans la pensée américaine. Harris a fourni un outil de réforme qui a favorisé l’alphabétisation, multiplié l’enseignement obligatoire tout en solidifiant une éthique calviniste dans l’Amérique coloniale.

Les nombreux problèmes éthiques que soulève cet ouvrage ont attiré mon attention. Sous ses airs de simple livre d’éducation dont la visée est de donner une chance aux enfants de s’instruire, il cache en réalité des desseins peu tolérants. C’est pour accentuer ce contraste que j’ai souhaité mettre le document en relation avec ce qui se rapproche le plus de nos jours, à savoir Mon premier Larousse. C’est un abécédaire pour l’apprentissage de la lecture. Il est également illustré de vignettes. Il reprend les codes graphiques des abécédaires, c’est-à-dire les lettres sont accompagnées de mots commençant par la même initiale. Avec ce choix, j’ai voulu montrer l’évolution de l’apprentissage entre les siècles. Contrairement à l’époque de «the New-England Primer», aujourd’hui «Mon premier Larousse» est décliné en plusieurs thématiques : Mon premier Larousse des Sciences ou Mon premier Larousse des Couleurs. Ce sont des livres qui ne sont plus sous la domination de l’Église. Ils sont donc ôtés de toute instruction religieuse ou colonialiste. Ce sont des livres impartiaux fait pour l’éducation de tous, sans distinction.

Ines Garnier Demeautis

Travail réalisé dans le cadre du cours d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2023.