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histoire·s

1255
parcheminier

Manuscrit de Hambourg, dans un atelier de parcheminier, un moine reçoit une feuille de parchemin. Copenhague, Kon. Bibl. Grs 4 II, f. 183r., env. 1255.

09.01.2023

DANS LA PEAU D’UNE ILLETTRÉE, FACE À CETTE ENLUMINURE

J’observe un échange de parchemin entre deux personnages. L’homme de gauche regarde le parchemin qu’il tend vers l’homme de droite qui le regarde. Je suppose que l’un est artisan et qu’il attend un retour monétaire de celui qui acquiert. Je me demande alors s’il existe une hiérarchie entre ces deux hommes, visiblement, du regard à la posture, oui. J’imagine qu’ils sont à l’intérieur d’un atelier puisqu’une peau de bête est entrain de sécher au sol (flammes en transparences). Le peintre ayant réalisé l’enluminure a-t-il eu le choix des couleurs ? Et s’il a voulu faire dépasser le pied du personnage de gauche comme pour nous indiquer une nature rebelle.

Annonciation à la Vierge, médaillon de 1500-1510.

À propos des couleurs, je me suis posée la même question hier à l’église ; Je me suis demandée si le vitrailliste choisissait les couleurs en fonction de leurs symboliques religieuses. Pour le cas de l’enluminure si l’artiste peintre a choisi du bleu pour cette lettre il évoque la fidélité. Cela fait sens l’union d’un artisan envers son commerçant, surtout dans la symbolique du cercle ! Pour le vitrailliste cela ne fera aucun doute !

Ouvrir un livre, c’est ouvrir une porte d’église ; je me concentre sur l’iconographie et je me raconte des histoires. Pour exemple hier face à cette rondelle je comprenais la richesse de cette scène grâce à l’application massive du jaune d’argent (cémentation). Je comprenais également que nous étions dans une chambre de femme grâce au damier (la dame y est) et que cette femme avait un lien avec Dieu (symbolique de la couleur jaune dans l’univers du vitrail).

S’arrêter au-delà des mots ; c’est l’expérience que je propose en incarnant cette femme illettrée, je souhaite montrer l’influence d’une image comme on le ressens aujourd’hui à travers la publicité par exemple. Autour de la question « Que dois-je imaginer ? » Je me rends compte que l’on n’est jamais loin de ce que l’image montre et de ce que l’on s’en raconte.

Sources:

Émeline Grousson

Travail réalisé dans le cadre du cours d’histoire du livre, illustration et graphisme à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 2023.