(auto)-editing
(Auto)-editing — Guide pour (re) travailler et relire un texte
Ce guide vous propose quelques pistes et conseils pour éditer votre propre texte, ce qui demande un peu de recul. Laisser reposer son texte et y revenir peut être aider à prendre ce recul. Parfois changer de format peut aussi le faire (ex: exporter un pdf, imprimer).
ÉCRIRE
Donc tout d'abord, écrivez sans trop vous stresser par rapport à toutes ces questions (si elles vous stressent!). C'est déjà une étape importante de créer de la matière, et écrire sans trop se poser de question sur “comment on écrit” permet de faire apparaître des formes spontanées qui émergent de votre sujet ou en relation avec votre sujet.
Trouvez-vous un espace propice à écrire (Virginia Woolf préconisait aux femmes d'avoir une “chambre à soi”, A Room of One's Own et de l'argent, à une époque où les femmes ne pouvaient pas avoir de compte en banque et étaient confinées à un espace domestique ou paradoxalement elles n'avaient pas un espace qui leur était vraiment dédié) … et en même temps comme le dit Gloria Anzaldúa ♥ :
Forget the room of one’s own—write in the kitchen, lock yourself up in the bathroom. Write on the bus or the welfare line, on the job or during meals, between sleeping or waking. I write while sitting on the john. No long stretches at the typewriter unless you’re wealthy or have a patron—you may not even own a typewriter. While you wash the floor or clothes listen to the words chanting in your body. When you’re depressed, angry, hurt, when compassion and love possess you. When you cannot help but write.
(Gloria Anzaldúa, “Speaking in Tongues,” in This Bridge Called My Back: Writings by Radical Women of Color, eds. Cherríe Moraga and Gloria Anzaldúa, SUNY Press, 2015, p. 168)
Parfois de super idées nous arrivent en chemin, dans les transports publics, etc.
Trouver un angle d'approche (que vous trouvez intéressant) est souvent la clé, ce qui va vous motiver!
STRUCTURE/PLAN
Première question : est-ce que la structure est claire?
- Si vous n'avez pas de plan (chapitrage) c'est l'occasion d'en faire un. Un plan (identifier les grandes idées ou grands points présents dans le texte) permet de travailler leur articulation, les transitions entre chaque grand point, et la narration que ça crée. Si votre texte contient des intertitres, vous pouvez les reprendre (gardez-en la hierarchie s'il y en a une)
- Un plan peut avoir la forme d'une liste (mais vous pouvez aussi trouver vos propres formes) et cette liste peut avoir des sous-parties
Si vous n'arrivez pas à faire un plan, il est peut-être utile :
Si votre texte est court:
- Si vous pouvez imprimer votre texte, entourez les mots qui représentent les idées principales du texte (pas trop si possible). Si vous l'éditez à l'écran, mettez les mots en gras ou en couleur.
- Si c'est compliqué, surlignez des mots importants (max un par phrase si possible), et à partir de ces mots, dans la marge (ou sur une feuille séparée) noter l'idée générale qui se dégage de ces mots (une toute les quelques phrases si possible).
Si votre texte est long:
- Est-ce qu'il est divisé en paragraphes ? Si non, essayez de rassembler différentes phrases en des paragraphes (l'idéal = 2-4 phrases par paragraphe).
- Pour chaque paragraphe, écrivez dans la marge (ou sur une feuille séparée) quelle est l'idée principale.
- Si c'est difficile, il y a peut-être trop d'idée dans les paragraphes et chacune demande d'être développée?
(Voir structure des phrases ↓↓↓)
CONTENUS
Parfois c'est important de se poser la question: qu'est-ce que je dis là, et qu'est-ce que je voulais dire à la base? Ou d'une autre manière? Ensuite se poser la question: est-ce que ça me semble clair, compréhensible? Et peut-être demander à d'autres si ça l'est :)
Équilibres à trouver :
- description/analyse
- général/détail
- vocabulaire spécialisé/langage plus “accessible” (pour qui? comment?)
Ré-utiliser des matières déjà existantes / comment repenser “le plagiat c'est mal” :
Différence entre plagiat (utiliser des contenus d'une autre personne sans la créditer) et appropriations (appropriation culturelle, appropriations “créatives”, ...), citations Voir Kenneth Goldsmith (Uncreative Writing), ...
Pour des réflexions critiques sur le droit d'auteur (sic): regarder Un faible degré d'originalité (en français et vidéo accessible en ligne!) lire Copy This Book (en cours de traduction en français), …
STYLE
Il y a plein de registres d'écriture (comme de parole) et certains viennent plus naturellement, en fonction de ce qu'on a l'habitude de lire, de ce qu'on aime lire, et en fonction du contexte, de la nature du texte et du sujet. Vous pouvez essayer d'identifier ces styles, et de jouer avec, pour choisir celui qui fonctionnera le mieux pour une situation donnée. Vous pouvez bien sûr chercher des exemples inspirants, observer comment ils fonctionnent et les utiliser pour vous aider à travailler un style.
(Re)-lire à voix haute ce qu'on écrit est souvent aussi une bonne manière de se rendre compte des phrases qui “sonnent bien” et celles qui pourraient être reformulées différemment.
STRUCTURE DES PHRASES
La ponctuation (points, virgules, parenthèses, tirets, ...) aide à séparer différentes parties d'une phrase, par exemple cette deuxième partie ici. Elle crée aussi du rythme, des pauses, des espaces, de la respiration. Elle aide donc à la lecture, et vice versa: la lecture à voix haute peut aider à vérifier si la ponctuation d'une phrase fonctionne bien.
Si une phrase vous semble trop longue ou compliquée, parfois il vaut mieux la couper en plus petites phrases, qui en général sont plus compréhensibles. Parfois il faut inverser des parties dans la phrase. Dans ce travail de restructuration des phrases, des allers-retours sont parfois nécessaires avec la structure plus générale d'un texte. Un bout de phrase peut parfois être déplacé à un autre endroit dans le texte.
À plusieurs niveaux (structure générale ou structure d'un paragraphe ou d'une phrase) il est utile de se poser la question : qu'est-ce que je veux raconter ici? Et si nécessaire : comment est-ce que je peux le reformuler différemment, et de façon plus simple?
Tout ça peut paraître long et un peu lourd, mais avec un peu de pratique ça devient plus facile et même automatique, et ça permet souvent de soulever des choses super interessantes !
IMAGES
Lorsque vous travaillez un texte en relation avec des images, ou des images en relation avec du texte, posez-vous la question de la nature de ces relations: qu'est-ce que l'image apporte et qu'est-ce que le texte apporte? Est-ce que
Description d'images
Une méthode très intéressante pour aborder une image (ou n'importe quel objet, situation, etc) est d'en faire une description. Décrire permet à la fois de se rapprocher de l'objet, et d'en faire émerger des éléments qui pourront ensuite nourir le rapport texte/analyse-image — soyez attentifves aux choses qui vous frappent, aux choses que vous remarquez tout de suite, aux choses qui demandent un peu plus d'observation, aux choses qui posent des questions… Une description d'image n'est jamais neutre, mais toujours située (elle reflète notre contexte, nos savoirs, ce qu'on y reconnait, ce qu'on y identifie). En tentant de rendre la description la plus généreuse possible, et en essayant de questionner ses a-priori, on dit quelque chose de la relation qui se crée entre nous et l'image, et on rend visible les questionnements que l'image peut nous poser.
La description d'image est aussi une pratique d'accessibilité très importante, permettant de rendre “lisible” une image par d'autres moyens que la vue (lecteurs d'écrans par exemple). Vous avez peut-être dàjà vu cette pratique sur les réseaux sociaux.